Nous voici de retour dans le monde moderne, vivants et ravis de notre traversée de l’Outback !
On n’a pas cessé de penser à vous, la preuve ! On a même tenu un petit journal de bord de notre road trip afin de pouvoir partager avec vous nos péripéties, au jour le jour (attention, article long).
J1
Avons préparé notre future aventure en passant la presque totalité de la journée dans un super centre commercial. C’était génial.
Avons investi dans deux nouveaux oreillers pour un confort nocturne optimal ainsi que de multiples lumières. Depuis nous appelons notre intérieur « Versailles ».
Avons acheté deux shorts en jean et une paire de sandalettes pour Bruno ainsi que des provisions pour une vingtaine de jours… Qui sait ce qui nous attend dans l’Outback?
Avons terminé la journée en beauté dans une des multiples salles de cinéma du centre commercial où était projeté le dernier volet d’Harry Potter, le pied. Avons presque tout compris, la classe (il faut dire qu’on a eu la chance de tomber sur une séance sous-titrée pour malentendants).
Dernière soirée à Darwin où nous avons vidé quelques bières avec nos colocataires et copains.
J2
Avons quitté Darwin pour de bon, direction le Sud.
Avons fait le plein à Coolalinga, notre KM 0 de référence.
Déjeuner sur la route au bord d’un magnifique lac artificiel recouvert de nénufars avec quelques canards dessus pour compléter le tableau.
Avons été terrorisés par le remous provoqué par un bateau au loin. Imaginant la présence d’un crocodile sauteur, nous avons déguerpi sans demander notre reste jusqu’à notre van.
Avons observé chemin faisant des troncs de palmiers étranges de forme particulièrement phallique. En Australie, il y a toujours une raison pour s’extasier.
Nous sommes arrivés au parc national de Litchfield, notre première étape, à la tombée de la nuit et avons cassé en rangeant le Bichon presque tous les œufs que nous avions emportés. Du coup nous avons mangé une omelette.
J3, 4, 5
Agréables journées dans le parc national de Litchfield entre petites promenades donnant sur des panoramas grandioses (avons pu observer dans une zone forestière en plus des habituelles chauves-souris un sacré phacochère) et baignades dans les différentes cascades et autres baignoires naturelles du parc.
Alors que trop frileux, nous n’avions pas trempé plus d’un orteil dans la mer de Timor à Darwin, nos petits corps se sont habitués aisément à l’eau fraiche et douce qui nous a rappellé d’heureux souvenirs corses (ah ben c’est malin ça de se rendre au bout du monde pour écrire de telles choses).
Le soir nous mangions sous les eucalyptus du camping des Florence falls et passions de doux instants en compagnie d'un petit Walibi peu farouche que Bruno aurait bien voulu adopter.
J6
Avons repris la route après avoir pris le temps d’admirer au lever du soleil un champ de termitières géantes ressemblant étrangement à des pierres tombales.
On se serait cru dans un cimetière immense, ça faisait une drôle d’impression, surtout en sirotant le thé et en grignotant les tartines du petit déj’.
Nous nous sommes arrêtés à un petit marché local sur la route, où en bons touristes que nous sommes, nous avons plaisanté avec des paysans australiens en leur achetant des légumes.
C’était sympa même si nous ne comprenions pas toutes les subtilités de leurs blagues, m’enfin ça viendra…
Nous sommes dirigés vers les Douglas Hotsprings où nous avons passé l’après-midi à barboter comme des hippopotames.
L’eau était vraiment chaude, presque brûlante parfois c’était trop bon!
Bichon a passé pour nous mener dans cet endroit charmant son premier baptême de poussière sur route en terre rouge et caillouteuse avec passage d’un petit cours d’eau en prime. Il s’en est sorti comme un chef, le brave petit camion.
Avons passé la nuit dans une rest area où Bruno armé d’une paire de ciseaux à papier a raccourci la frange de Noémie qui commençait à lui cacher les yeux. Le résultat, sans être excellent s’est avéré toutefois parfaitement honorable. En Australie, on se découvre des talents cachés.
J7
Nous sommes dirigés vers Katherine, dernière ville du Top End avant de nous enfoncer dans l’Outback. Après un détour par l’office du tourisme où nous avons amassé moult documentations, nous nous sommes dirigés vers les sources d’eau chaude de la ville.
Avons rencontré sur le parking deux sympathiques jeunes français coincés dans un van en rade, rejoints bientôt par deux autres collègues tout aussi avenants. Avons passé la soirée avec eux, ce fut fort sympathique.
J8
Journée mémorable dans les gorges de Katherine entre frenchies.
Après une marche dans un paysage aride peuplé de papillons (joliiii!) et de serpents (gloups), nous avons déboulé dans un canyon splendide, mais alors vraiment splendide et avons passé l’après-midi dans la flotte à nager et à jouer à se faire peur (« Attention crocodile! » «Très malin ha ha! ») comme des gamins.
Avons été victimes d’un vol alors que nous nous baignons : un oiseau type corbac a chipé sous notre nez notre paquet de pain de mie, ainsi que celui de nos collègues. On l’a entendu se marrer au loin. Avons retrouvé les emballages déchirés à coup de bec lors de la marche retour et avons vraiment la sensation d’avoir été pris pour des pigeons... Par un piaf ! Le comble !
Ce fut quand même une vraiment chouette promenade.
J9
Avons passé la journée à Mataranka, dans des sources d’eau chaude, encore, on ne s’en lasse pas, mais hélas pour la dernière fois jusqu’à présent.
Fermez les yeux et imaginez en pleine forêt d’eucalyptus un lagon d’eau bleu turquoise à 34 degrés avec libellules nénufars, et tous plein de jolis petits poissons que nous avons pu observer grâce aux masques et tubas prêtés par un chouette couple de français avec qui nous avons longuement papoté (ce sont d’ailleurs les dernières personnes avec lesquelles nous avons échangé plus qu’un bonjour avant un long moment).
J10
Nous voilà à présent dans ce que les australiens appellent à juste titre le « Never never ».
Pas grand-chose à faire d’autre que rouler… On écoute de la musique, on chante, on s’extasie sur les termitières dont les couleurs changent avec celle de la terre, on crie d’effroi devant les cadavres de kangourous déchiquetés sur les bords de route, on crie « Road train ! » Dès qu’on en croise un. Noémie fait la lecture à haute voix, Bruno conduit comme un chef. Il salue tous les véhicules qu’il croise en levant son index, à la mode Aussie.
Un arrêt au Pub mythique de Daly Water, pas vraiment excitant. Visite du petit zoo d’une road house, Noémie a a-do-ré les minis crocodiles d’eau douce trop mignons.
On a testé les crackers avec le thon en boîte, ça change du pain de mie, c’est sympa.
J11
Beaucoup de route encore.
Avons passé Tennant Creek, ville digne d’un western avant de nous diriger vers les célèbres billes du diable où nous avons admiré le coucher de soleil. C’était magique.
Avons remarqué près de notre campement la présence d’un dingo tout seul et tout maigre. La bête a réussi à apitoyer Noémie mais pas le cœur de pierre de Bruno qui n’a pas voulu partager avec le pauvre animal le gras de son steak.
J12
Contemplation du lever de soleil sur les Devils Marbles.
C’est vraiment merveilleux ce que la nature peut créer… En Australie tu passes ton temps à t'ewtasier sur la beauté du monde.
Nous nous mettons à admirer également (c’est peut-être grave) les énooormes campings cars de ouf trop bien équipés et offrant certainement plus de surface habitable que notre ancien appartement parisien, traînant derrière eux 4X4, motos, bateaux et traineaux…
Les australiens, certains nomades à plein temps, sont tellement bien équipés pour la vie dans les grands espaces qu’on ne peut qu’en rester baba.
Retour sur Tennant Creek après avoir écrasé un énorme serpent (excuse de Bruno : la bête se dirigeait vers une aire de jeux pour enfants).
Pour vous donner une idée : une longue route poussiéreuse avec de part et d’autre des bottle shop et autres échoppes.
Sous le lourd cagnard quelques aborigènes se traînent, beaucoup une bouteille à la main à la recherche d’ombre.
La situation de ces derniers en Australie est vraiment attristante. Ce peuple porte sur son visage tous les stigmates d’un désespoir que l’on peut comprendre en abordant l’histoire de l’Australie.
En plus, on ne capte même pas internet dans ce bled.
Bref nous nous ravitaillons en produits frais et ne nous attardons pas.
Pause de midi juste à la sortie de la ville dans une aire fort agréable bordant un lac et équipée de douches, chaudes en plus… Pour nous qui ne nous lavions depuis quelques jours qu’à coup de sceaux d’eau froide, quelle fête!
Le coin était si chouette qu’on y a passé le reste de la journée.
J13
Avons dépassé les 2000 kilomètres au compteur.
Changement radical dans les paysages que nous avons traversés : Les eucalyptus et autres arbres ont disparu pour laisser place à des pâturages d’herbe blonde et sèche qui semblent sans fin.
Avons croisé sur la route : une famille de kangourous, un chat ( ?), des émeus, un aigle d’une envergure impressionnante, une petite tornade et deux hobos à longue barbe voyageant à pied (prochain « lieu de vie » c’est-à-dire non pas ville mais road house 200 kms plus loin, courageux les mecs !)…
Avons commis malgré nous notre premier (et dernier espérons-le) meurtre : un de ces petits moineaux à bec rouge tellement chou a percuté de plein fouet le Bichon laissant quelques traces de sang sur la carrosserie… Bruno ne s’en est toujours pas remis.
Avons changé d’Etat, nous sommes désormais dans le Queensland.
Arrêt nocturne dans une rest area sur le bord de la route, coucher de soleil panoramique et superbe, milliards d’étoiles au-dessus de nos têtes et invasion de fourmis ailés géantes (mais Diable, pourquoi donc les bestioles nocturnes sont-elles autant attirées par la lumière ? Elles ont qu’à vivre le jour ces andouilles).
J14
Nous voici à Mount Isa, la grande cité minière de l’Outback célèbre pour son rodéo et sa pénurie de femmes (le maire actuel aurait d’ailleurs il n'y a pas si longtemps lancé un appel aux moches, classe quoi). Bref, ça promet.
La ville ressemble à Plan de Campagne en plus sinistre sur fond d’usine, un vrai régal pour les yeux.
On ne va pas parler des dégaines qu’on a croisées là-bas, ce serait méchant et inutile.
Ravis à l’idée de nous ravitailler en produits frais, nous avons dû nous faire une raison, c’était dimanche et tout était fermé. Sauf un musée et les innombrables bottle shops, bien sûr.
Après avoir laissé une trentaine de dollars dans une exposition de fossiles en plâtre de mauvaise nous nous sommes offert, puisqu'il n'y avait rien d'autre à faire de plus malin, une bonne bière en réalisant la chance qu’on avait eu de ne pas naître dans cet endroit… (Ceci dit, à une semaine après on aurait pu assister au rodéo de la ville, qui est le 3ème mondial et notre opinion aurait été complètement différente qui sait ?)
J15
Les routes de l’Outback semblent interminables. Noémie continue la lecture, après avoir bouclé deux romans, nous nous penchons à présent sur l’histoire de l’Australie. Saviez-vous que le point de départ de cette belle nation fut un viol collectif des détenus mâles et des marins sur les prostituées condamnées fraîchement débarquées dans le port de Sydney, épisode connu sous le nom « d’Orgie fondatrice », charmant.
Nous traversons quelques petites villes-western avec églises et maisons en planches peintes. C’est beau, hors du temps, exotique, presque trop typique pour être vrai. Pour peu on se croirait dans des décors de cinéma.
Entre deux villes, séparées de 200 à 400 kilomètres environ, oui, quand même, on s’extasie sur la nature et les animaux que nous croisons.
On rêve de voir un kangourou roux, un de ceux qui peuvent mesurer jusqu’à 2 mètres.
On en a vu un de d’un bon mètre cinquante mais comme il était tout écrasé et sanguinolent on n’a pas voulu le prendre en photo.
Nous nous sommes arrêtés dans une rest area où pour la première fois nous étions absolument seuls. Calme, sérénité, jusqu’à ce qu’un road train vraiment monstrueux vienne prendre sa pause de nuit collé contre notre petit Bichon.
Et bien un Road train, ça n’éteint pas son moteur (monstrueux également), même la nuit, même TOUTE la nuit. Bonheur… et vive les boules quiès.
J16
Le paysage a définitivement changé.
Avons traversé forêts et collines dont les superbes montagnes blanches, un sol de calcaire immaculé sur lequel poussent des arbres, c’était beau!
Comme il fait de plus en plus froid (et oui, on est quand même en hiver) le soir on s’est mis à faire du feu.
En allant ramasser du bois, nous sommes tombés nez à nez avec un échinidé, sorte de hérisson géant de la famille des Marsupiaux (trop mignooooon!)
J17
Petit tour par la charmante petite ville de Charter Towers ou « The world », jadis célèbre pour ces gisements d’or (hélas nous n’avons rien trouvé) qui sera pour nous la porte de sortie de l’Outback.
Les alentours sont de plus en plus verts, vallonnés et cultivés. Le trafic se fait plus dense et plus personne ne répond à nos salutations.
En début de soirée nous arrivons à Townville au bord du pacifique en chantonnant « Si tu souris, tu vois que les choses ne vont pas si mal que çaaaaaa !!! ».
Depuis.
Nous avons cessé de confondre Townville et Toonsville car cela n’a rien à voir. La cité ressemble un peu à Monaco, assez riche avec un gros rocher qui domine la mer. Il y a un nombre de banians énooormes (genre chaque arbre occupe l’espace d’un petit bosquet) assez impressionnant. C’est joli et très venteux (rien à voir donc avec la ville des Toons de Roger Rabbit) mais pas franchement très fun.
Après avoir offert au Bichon un nouveau pneu, nous sommes préoccupés de remplir à nouveau notre bourse.
Trop facile ! Par le biais d’internet nous avons trouvé en une dizaine de minutes une offre dans une ville agricole à 200 kilomètres de là, Bowen.
Le lendemain matin même, nous partions travailler.
Et maintenant, nous sommes dans les champs de tomates, on a recommencé à avoir une vie sociale, on a les doigts tous verts à la Hulk (un peu moins depuis qu’on a investi dans des gants), on vous raconte tout ça plus tard…