Ce n'est pas que nous étions malheureux à Bowen, bien au contraire.
Mais le travail à l'usine, la vie sédentaire et confortable (genre avec douche chaude et frigo, toujours une prise pour brancher l'ordinateur) au bout d'un moment, c'est marre.
Fidèles au dicton: « Quand y'en a marre, ben on se barre », on a décidé de partir pour de nouvelles aventures.
On a distribué tout plein de « hugs » à l'australienne aux gens qu'on aimait bien, y compris Sherryl, notre manager à la Rudby Farm.
Bruno a vidangé le Bichon, cuisiné de sublimes raviolis (quel homme!) et on a trinqué avec nos amis les plus proches.
Comme toujours, nous avons eu un petit pincement au cœur en faisant nos « au revoir », il y a des choses auxquelles on ne s’habitue pas.
Puis on s'est dirigés vers l'inconnu sous la pluie, Bowen pleurait notre départ à grosses gouttes.
Nous étions tout contents de retrouver notre Campbook, le célèbre atlas routier australien qui indique toutes les aires où il est possible de s'arrêter dormir, heureux de se retrouver en tête à tête dans la nature sauvage et après un mois de routine de ne pas savoir de quoi le lendemain sera fait !
Nous prîmes la direction du parc national d'Eugnella, « Terre des nuages » en langue aborigène.
Le trajet, sur des petites routes de campagne au milieu d’une nature verte et vallonnée, traversée de petits ruisseaux et plein de rencontres avec de jolis wallabies bien vivants nous a ravis.
Nous avons dormi sous des eucalyptus géants au bord d'un petit ruisseau avant le lendemain de nous attaquer à la montagne.
Une sacrée côte en pleine forêt primaire que le Bichon a gravi aisément.
Une fois en haut, nous étions vraiment au pays des nuages!
Le mauvais temps que nous traînions depuis Bowen ne nous avait pas lâchés, et en prime, il faisait froid!
Nous ne sommes pas découragés pour autant et avons baladé dans cette jungle. Des sangsues ont tenté de grimper le long des jambes de Bruno, ça ne l’a pas fait beaucoup rire. Et puis on s’est pris quelques grosses averses, on a rien vu du point de vue englouti par la brume. Mais bon, c’était joli quand même.
Comme le ciel ne donnait aucun signe d’amélioration mais que nous ne souhaitions pas reprendre la route tout de suite, nous nous sommes réfugiés bien au chaud dans notre camion à regarder des films, ne pointant le bout de notre nez dehors que pour quelques furtives promenades lors des brèves éclaircies dans ce paysage rappelant par son étrangeté les films d'animation de Miyazaki: Une forêt primaire débouchant sur des pâturages bucoliques à souhait avec vaches qui broutent et jolis chalets en bois peint.
Une autochtone est venue nous voir accompagnée de ses trois curieuses fillettes alors que nous faisions réchauffer notre soupe pour nous dire gentiment de ne pas hésiter à sonner à son huis en cas de problème et pour nous conseiller un endroit près de la rivière où observer des platypus - des ornithorynques- les stars du coin !
Intrigués, bien sûr, nous y sommes allés. Nous en avons vaguement aperçus deux au coucher du soleil avant de rentrer dare-dare nous réchauffer sous les couvertures.
Le lendemain à l'aube en revanche, et malgré la bruine, nous avons pu en observer un de très près et pendant longtemps.
Cette timide bestiole a quand même une drôle de dégaine; entre le rat et le canard à vrai-dire.
Et puis le temps ne s'améliorant définitivement pas, et n’ayant plus de chaussettes sèches on a décidé de quitter cette montagne, certes magnifique mais vraiment humide.
Arrivés sur la côte, nous avons découvert nos premières plages de surfeurs!
Des espaces infinis et de superbes vagues!
De sacrés courants aussi… Moi qui me suis toujours considérée comme une bonne nageuse, j'ai bien senti le moment où je n'arriverai plus à rejoindre la côte!
Heureusement, Bruno qui est plus grand que moi, a pu me sortir de ce mauvais pas et m'a ramené en luttant contre les flots à un endroit où j'avais pied!
Peu après, un maitre-nageur-sauveteur est venu nous voir en nous expliquant qu'on était allés dans une zone particulièrement dangereuse (ben oui, mais c'était joli et il n'y avait personne!) et qu’on serait bien gentils de venir faire trempette entre les drapeaux, là où il pourrait prendre soin de nous, merci beaucoup... Autant vous dire qu’on n’a pas moufté et qu'on est allés sagement à l'endroit que ce beau gosse cinquantenaire avec dent de requin autour du cou nous indiquait, et qu’on a continué à s’amuser gentiment en toute sécurité.
Conquis par cette ambiance jeune, sportive et bronzée, nous avons eu envie de faire quelques emplettes!
On a donc investi dans des masques et des tubas pour aller explorer les rochers.
Des bodyboards pour prendre les vagues.
Des jumelles pour observer les animaux.
Un jeu de backgammon magnétique parce que nous sommes souvent seuls et que les cartes à deux, ben c’est nul.
Des réglisses pour la route et de la teinture blonde... Oups, ça vous le savez déjà...
Ainsi équipés comme des pros ou presque, on a pu sillonner de nombreuses plages, plus gigantesques et spectaculaires les unes que les autres.
On a particulièrement adoré la « Rainbow beach », ses falaises de sables colorés et sa vue sur Frazer Island. On y a passé beaucoup de bon temps, on s’est bien râpé le ventre sur le sable en prenant les vagues, c’était chouette !
Comme on avait bien travaillé et qu'on n’avait pas réussi à en voir depuis le continent on s'est offert à Harvey Bay un tour en bateau pour observer les dernières baleines effectuant leur migration jusqu’à l’Antarctique.
Évidemment, aller embêter en pleine mer ces mammifères géants, entendre leurs souffles et admirer leurs acrobaties (surtout celles un peu gauche d’un adorable baleineau hyperactif) fut un moment magique.
En revanche, et c’est dommage, on est arrivés un poil trop tôt à Bundaberg pour assister à la ponte nocturne des tortues. Mais ça, que voulez-vous, on ne peut pas tout avoir !
On a pris le temps de se perdre dans divers parcs nationaux, souvent déserts et puis on est arrivés à Brisbane, notre première grande ville australienne! (Parce que oui, Darwin a beau être la capitale du Northem Territory, sa population ne dépasse pas les 100 000 habitants)
En premier lieu, un arrêt au zoo s'est imposé car malgré nos supers jumelles et beaucoup de temps passé sous les eucalyptus, nous n'avions toujours pas vu de koala, ni mort ni vif, et ce bien que sa présence ait été indiquée par nombres de panneaux sur les routes que nous avions traversées.
Nous avons été agréablement surpris par l’Alma Zoo au nord de Brisbane car la taille des espaces et la gentillesse des gardiens dans leur façon de traiter les animaux permettaient d'éviter une ambiance trop « prison ».
On a donc pu observer des koalas, mais aussi caresser des kangourous et des wallabies à la recherche de graines. On s’est s'extasiés longuement devant les casoars, sortes d’oiseaux-monstres préhistorique un peu effrayants et devant les petits diables de Tasmanie, trop mignons dans leur façon de jouer avec leur nourriture, des poussins morts. Sans parler de tous les autres, ce fut vraiment une chouette visite…
Le centre de la ville en revanche ne nous a fait guère d’effet.
Les signes d’une économie prospère et dynamique s’y lisent à chaque coin de rue et il doit y faire bon vivre, assurément. Mais cette impression de se balader dans un centre commercial de luxe à ciel ouvert, résolument tourné vers l’avenir mais presque sans passé n’était pas des plus excitantes.
Quel plaisir en revanche de découvrir le lendemain le quartier ouest, pavillonnaire, certes, mais quels mignons pavillons! Depuis notre arrivée en Australie, nous craquons régulièrement sur les maisons traditionnelles. Beaucoup sont vraiment charmantes avec leurs murs de planches, leurs toits de tôle, leurs balustrades décorées de dentelles métalliques et leurs pilotis...
Et surtout, surtout, après quatre mois d’abstinence, quelle joie de nous offrir une cure de musées!
Brisbane possède des infrastructures culturelles proprement hallucinantes, Les musées d’art moderne et contemporains sont groupés avec une médiathèque dernier cri et occupent des surfaces énormes. Les collections sont variées et vraiment très intéressantes. Bref, on s’est régalés !
Cependant, nous n'avons pas souhaité nous attarder plus longtemps en ville et très vite, nous avons regagné des contrées peu fréquentées car nous avons continué notre route vers le Sud en passant par les terres, souhaitant éviter la très touristique « Gold Coast ». On devient peut-être un peu des sauvages…
Peu de gens croisés en chemin, aucuns jeunes à l’horizon.
Balades, baignades (et douches) dans des rivières, backgammon (pour varier les plaisirs il faudrait qu’on pense à s’offrir un jeu d’échecs, ce serait sympa).
Achats sur la route de produits locaux comme des noix de macadamia et des nectarines.
Le principe est d’ailleurs assez sympa, tu t’arrêtes, tu mets le montant indiqué dans une petite boite en fer rouillé et tu te sers toi-même. Je me demande si un système de ce type pourrait fonctionner en France.
Et puis, un jour, nous avons quitté l’état du Queensland pour celui du NewSouthWales (la Nouvelle Galle du Sud).
Pas de changement notable à remarquer mis à part celui des panneaux routiers. Au lieu de t'insulter comme dans le Queensland (Ah ! Ce que je regrette de ne pas avoir pris en photo le « ralentis, abruti! » - « Slow down, stupid ! », véridique, si si) , le New south Wales préfère menacer plus directement les conducteurs genre : « Attention, si tu roules trop vite tu vas perdre ton permis » ou alors « vas-y, accélères, on te surveille ! ».
Je tenais beaucoup à passer par la « capitale alternative » de l'Australie. Un village de hippie, perdu au milieu d'un parc national.
Peut-être qu’on pourrait se faire quelques copains et passer du bon temps… Bruno était très sceptique mais on y est quand même allés.
J'avoue que je me faisais une autre image des hippies!
Dans la rue principale, les bâtiments sont certes multicolorés mais ce ne sont que des boutiques où sont vendus aux groupes de touristes souvenirs et vêtements « cools » à prix d'or. Même le fait de prendre des photos est payant selon les coins!
Et les hippies en question ressemblent à de vieilles sorcières échevelées ou à des clochards-zombis qui te bousculent pour te proposer des «magic cookies » ou « tout ce que tu veux ». Autant vous dire, qu'on s'est barré vite fait!
Le seul truc qui était sympa c'était la musique passée par le boulodrome municipal à côté de là où nous campions, les « Talkings Heads » de bon matin, y’a pas à dire ça file la pêche !
Et puis, nous avons continué à descendre vers le sud... Autrement dit vers l’Antarctique…
Dès Byron Bay, l'eau était déjà trop froide pour que nous nous éclations dans les vagues (il faudra que l'on pense à investir dans des combis), tant pis, la ville était plutôt sympathique !
Du coup nous ne nous arrêtions sur les magnifiques plages que nous croisions plus que pour nous promener ou nous doucher gratis à l'eau froide (c'est bon pour la peau).
Nous avons encore traversé des paysages magnifiques dans la plus parfaite solitude, continué à observer chaque jour des bêtes étranges, pélicans,perroquets en tout genre, grenouilles, drôles d’araignées...
Enfin, un beau matin, nous sommes arrivés à Sydney….